Letra de Jean-Roger Caussimon
Versión de Léo Ferré
Moi je suis du temps du tango
Où mêm’ les durs étaient dingos
De cett’ fleur du guinche exotique
Ils y paumaient leur énergie
Car abuser d’la nostalgie
C’est comm’ l’opium, ça intoxique
Costume clair et chemis’ blanche
Dans le sous-sol du Mikado
J’en ai passé des beaux dimanches
Des bell’s venaient en avalanche
Et vous offraient comme un cadeau
Rondeurs du sein et de la hanche
Pour qu’on leur fass’ danser l’tango!
Ces môm’s-lá, faut pas vous tromper
C’était d’la bell’ petit’ poupée
Mais pas des fill’s, ni des mondaines
Et dam’, quand on a travaillé
Six jours entiers, on peut s’payer
D’un coeur léger, un’ fin d’semaine
Si par hasard et sans manières
Le coup d’béguin venait bientôt
Ell’s se donnaient, c’était sincère
Ah! c’que les femmes ont pu me plaire
Et c’que j’ai plu! J’étais si beau!
Faudrait pouvoir fair’ marche arrière
Comme on l’fait pour danser l’tango!
Des tangos, y’en avait des tas
Mais moi j’préférais « Violetta »
C’est si joli quand on le chante
Surtout quand la boul’ de cristal
Balance aux quatre coins du bal
Tout un manèg’ d’étoil’s filantes
Alors, c’était plus Valentine
C’était plus Loulou, ni Margot
Dont je serrais la taille fine
C’était la rein’ de l’Argentine
Et moi j’étais son hidalgo
Oeil de velours et main câline
Ah! c’que j’aimais danser l’tango!
Mais doucement passent les jours
Adieu, la jeunesse et l’amour
Les petit’s mômes et les « je t’aime »
On laiss’ la place et c’est normal
Chacun son tour d’aller au bal
Faut pas qu’ça soit toujours aux mêmes
Le coeur, ça se dit: corazón
En espagnol dans les tangos
Et dans mon coeur, ce mot résonne
Et sur le boul’vard, en automne
En passant près du Mikado
Je n’m’arrêt’ plus, mais je fredonne
C’était bath, le temps du tango!